La journée était enfin finie. Enfin…… On peut dire aussi que le mercredi n’est pas long. Après les cours, et la rencontre matinale avec le professeur Gomez, elle avait décidé de rester à la bibliothèque pour chercher des livres intéressants. Elle poussa la porte de la bibliothèque, et regarda la libraire.

« Bonjour »

Elle l’avait dit assez haut pour se faire entendre, mais assez bas tout de même pour ne pas déranger les personnes présentes. La femme la darda par-dessus ses lunettes rectangulaires de son regard froid et impénétrable. Elle retourna ensuite à son ordinateur, qui avait l’air beaucoup plus passionnant que la jeune étudiante qui bougonna d’ailleurs une légère insulte envers la vieille femme.

« Vous avez dit ? »

Elle se retourna vers elle, lui sourit, puis s'approcha de son bureau doucement, lentement, avant de la regarder dans sa double paire d'yeux.

« J’ai dit bonjour. Ne savez-vous donc pas répondre aux politesses qu’on vous accorde ? »

La femme prit un air outragé, comme si personne dans cet établissement n'avait jamais osé lui répondre. Ce qui était peut-être le cas, si on y réfléchissait bien.

« Mademoiselle, veuillez arrêter de répondre à vos ainés. Nous sommes dans une bibliothèque ici, pas dans.. dans…. »

Elle regardait sa tenue, simple et décontractée, composée d’un short en jean arrivant à mi-cuisses sur un collant couleur chair, et un haut à manches trois quarts blanc, dont l’une d’elle tombait légèrement sur l’épaule de l’adolescente. Celle-ci regarda la vieille du haut de ses talons, lui jetant un regard noir. Elle s'apprêtait à lui répondre quelque chose, mais au dernier moment, elle se ravisa, trouvant mal placé le fait de se mettre déjà quelqu'un à dos.


Parcourant les immenses rayonnages d’histoires et d’aventures toutes aussi différentes les unes que les autres, elle lisait les dernières de couvertures lorsqu’un titre lui faisait de l’œil, puis les mettait dans son sac pour éviter d’être encombrée par les livres déjà choisis. Enfin, elle avait dans les bras et dans le sac une dizaine de livres au total, qu’elle allait étudier de plus près. Voir les dévorer.

Elle trouva une place près d’une fenêtre à une table et s’y installa. Il n’y avait personne à celle-ci, et cela lui convenait très bien, appréciant la solitude et le silence de ce lieu sacré –du moins pour elle. Le soleil traversant le verre de la fenêtre réchauffait la peau nue de ses bras, donnant à cette atmosphère une douceur exquise, presque irréelle.

Elle étala les livres sur la table, puis relu une seconde fois leurs résumés. Enfin, elle en choisit un et entama sa lecture au calme. Du moins, jusqu’à ce que la porte claque, lui faisant relever la tête et froncer les sourcils.

La jeune femme sortit le nez de son livre et allongea ses longues jambes devant elle, et se tassa quelque peu sur sa chaise, chose peu recommandée pour le dos des adolescents. Elle regarda la nouvelle venue lancer un clin d’œil à la bibliothécaire, et Taylor fronça les sourcils lorsque celle-ci lui répondit. Qu’avait-elle, la vieille bique ? Elle n’aimait pas les nouvelles ? À moins que ce ne fut parce que la dernière arrivée faisait du lèche-botte auprès des adultes de Black Velvet. Ou bien les deux.

Elle observait la jeune fille, qui semblait à l’aise et respectée par tout le monde si on en jugeait aux murmures qui s’éteignaient à l’approche de la jeune femme et qui reprenaient lorsqu’elle se fut éloignée.

« Tu as vu ? C’est Avril. Ça fait plusieurs fois que je la voie à la bibliothèque, j’espérais la voir aujourd’hui. »

« Oui, tu as raison. Il faut dire que moi aussi. Si seulement on pouvait entrer dans ses bonnes grâces…. »

Ouah. Ça allait beaucoup plus loin que ce à quoi elle pensait. La dénommée Avril semblait être une star ici, pourtant Taylor ne parvenait pas à voir ce qui la différenciait des autres, mis à part peut-être sa couleur de cheveux –ce qui était désormais contestable face à l’arrivée de la strip-teaseuse au campus. Celle-ci regarda l’ancienne élève jusqu’à ce qu’elle se fut installée à une table à proximité. Puis elle la vit sortir des affaires qu’elle pensa être ses devoirs afin de les finir.

Se désintéressant de ses livres, elle observa l’élève concentrée au point de former un mur autour d’elle, où personne ne viendrait la déranger. Cette pensée fit sourire la jeune femme. Elle avait une soudaine envie d’embêter la starlette, de se la mettre à dos, même si cela pouvait être assez stupide. Et puis, peut-être qu’elle verrait en elle quelqu’un qui pourrait lui servir, même pour une chose infimes. Elle se leva et rangea sa chaise sous la table, laissant les livres là où elle les avait laissés, pensant les remettre plus tard en place. Elle se dirigea ensuite lentement vers une place inoccupée à la table de la starlette, et, tirant la chaise, elle s’y assit sans en demander l’autorisation. Elle resta un moment silencieuse à la regarder, puis, elle dit d’une voix audible :

« Bonjour Miss. »

Elle croisa les jambes sous la table et se pencha juste un peu afin de pouvoir aisément chuchoter. Elle ne savait même pas ce qu’elle lui dirait, mais elle s’en fichait. Après tout, l’improvisation est ce qu’il y a de mieux.

Concentrée ainsi, le temps n'avait plus aucune importance pour la jeune femme, elle aurait pu rester des heures à travailler ici, l'endroit était si calme qu'elle en oubliait les minutes qui défilaient. Bref c'était un endroit de tranquillité absolument parfait, lorsque tout à coup, quelque chose ou quelqu'un vint perturber ce délicieux moment. Avril sortit de ses devoirs et vit une jeune femme qui venait de s'installer devant elle, celle-ci cligna des yeux plusieurs fois avant finalement de retourner à son étude. Elle n'avait pas l'intention de lui accorder ne serais ce que la moindre importance, mais la jeune femme assise en face d'elle sembla vouloir chercher les ennuis.

« Bonjour Miss. »

Avril ne répondit pas tout de suite, elle ne leva même pas les yeux de son bouquin, qu'est ce que c'était encore que ça? Une blague? Sérieusement, elle devait vraiment ne rien avoir à faire pour venir la déranger dans plein travail. Cependant, Avril savait très bien que dans ce genre d'endroit elle le calme était de rigueur c'est pourquoi calmement et le plus bas possible pour garder ce paisible son qu'était le silence Avril répondit:

"D'où nous connaissons nous?"

La jeune femme aux cheveux roses n'avaient pas relevé les yeux trop occupée à écrire son devoir. La fille en face d'elle allait tout de même devoir se méfier, même dans une bibliothèque Avril savait remettre les gens à leur place et cela était aussi valable pour elle. Quelques têtes se levèrent vers les deux jeunes filles mais toutes se baissèrent lorsque la miss Blackwood leur décocha un regard qui faisait froid dans le dos.

Finalement après avoir finit d'écrire, Avril referma le livre et se leva pour aller le remettre en place et ainsi en prendre un autre, le problème avec ce genre de bouquin c'est qu'il fallait régulièrement en changer pour pouvoir avoir toutes les informations nécessaire, elle revint quelques secondes plus tard un nouveau lvre beaucoup plus gros cette fois sous le bras. La jeune femme arqua un sourcil lorsqu'elle vit son interlocutrice toujours en place.

"Quoi? T'es encore là? Me dit pas que ma façon de travailler t'intéresse."

Taylor dû patienter longtemps avant d’attirer un minimum l’attention de la jeune fille –qui semblait d’ailleurs exaspérée en la voyant, lui arrachant un sourire en coin. Ça y est, elle avait trouvé un passe-temps.

"D'où nous connaissons nous?"

Elle prit son temps pour répondre, s’amusant à observer la jeune fille qui essayait de l’ignorer. Elle chercha des hypothèses pour cette attitude. Pourquoi l’ignorer ainsi alors que d’après les murmures étonnés, elle était plus du genre à remettre les gens à leur place ? Elle avait peut-être eu une mauvaise journée, et était lasse d’agir ainsi, au moins sur un temps court ? Ou bien était-ce parce qu’elle était hypnotisée par ses devoirs ?

« On ne se connaît pas, justement. »

Après tout, c’était une évidence. Elle aurait très bien pu la croiser, mais le regard quelque peu surpris qu’elle lui a jeté en devançant la table de Taylor prouvait le contraire. Elle la regardait faire son remue-ménage. Servir de décor ne déplaisait pas vraiment à Taylor, au contraire même. Comment mieux observer les gens que lorsqu’ils n’ont même pas envie de nous regarder ? Elle aurait très bien pu se vexer, mais ce n’était pas du genre à Taylor de se vexer ainsi. Elle avait appris à être patiente, et c’est une qualité qui sert beaucoup, même dans la vie de tous les jours.

"Quoi? T'es encore là? Me dit pas que ma façon de travailler t'intéresse."

Elle lui sourit d’un sourire un poil moqueur. Oh, non, ça manière de travailler ainsi que le travail en lui-même ne l’intéressait aucunement. Ce qui l’intéressait, c’était juste la demoiselle qui ne pouvait apparemment pas tenir en place cinq minutes, tant elle était préoccupée par ses devoirs.

« Oh non, je me fiche de savoir comment tu travailles. Tout ce qui m’intéresse, c’est de comprendre quelque chose. »

Et c’était tout à fait vrai, elle voulait simplement comprendre le fonctionnement de la jeune fille Pile électrique de nature, programmée sur le mode « devoirs » à temps partiel ou à plein temps ?

Avril n'avait pas tellement envie d'envoyer les gens balader lorsqu'elle se trouvait dans une bibliothèque mais visiblement, cette fille semblait vouloir jouer la provoque et pas avec n'importe qui ! Peu importe elle voulait jouer avec le feu celle-ci allait être servit. Tout d'abord celle-ci répondit à sa première question et lui éclaira d'ailleurs les idées, elles ne se connaissaient pas, c'était déjà ça. A vrai dire, Avril avait eu une doute, elle avait déjà fait la connaissance de gens qu'elle avait oubliée ensuite.

« Oh non, je me fiche de savoir comment tu travailles. Tout ce qui m’intéresse, c’est de comprendre quelque chose. »

Oui elle s'en doutait bien, quoi que...Certaines personnes étaient déjà venu uniquement pour la regarder de loin, c'était d'ailleurs quelque peu flippant parfois. Enfin bon, Avril la contempla de haut en bas et releva un sourcil elle ne manquait pas de culot pour venir s'adresser à 'elle de cette façon, cependant la jeune fille n'avait pas envie de jouer.

"Comprendre? Et que peux comprendre une fois habillé avec un aussi mauvais gout vestimentaire?"

Ding Ding le premier Round venait d'être lancé, Avril avait était gentille et c'était contentée de chuchoter de façon à ce que les gens autour d'eux ne puissent pas entendre. D'ailleurs, quelques tête se relevèrent de nouveau pour voir si il n'y avait rien d'intéressant à écouter. Avril ne fit pas attention, elle s'adossa complètement contre le dossier de sa chaise et ajouta.

"D'un côté je ne peux pas être trop méchante sur la façon de t'habiller, c'est vrai, après tout je m'habiller exactement comme toi quand j'étais une vierge."

Cette fois Avril avait augmentée la voix pour que tous le monde puisse entendre mais pas assez pour que la documentaliste entende la discutions des jeunes filles. Quelques rires discret s'élevèrent parmi les personnes qui avaient entendu tout de suite tut par le regard froid d'Avril. La jeune femme était quasiment sûre que cela ne suffirait pas à la faire partir...D'un côté elle ne faisait que s'échauffer, rien de plus. Avril commença cependant à ramasser ses affaires ne laissant que le livre qu'elle commença à lire, elle n'avait pas envie de s'attarder sur elle.

"Comprendre? Et que peux comprendre une fois habillé avec un aussi mauvais gout vestimentaire?"

Elle arqua un sourcil. Qu’avait-elle contre sa façon de s’habiller ? Oh, mais bien sûr. La Starlette ne s’habillait que de vêtements de luxes ; elle ne connaissait pas la misère des mauvais quartiers, ou la malchance de tomber sur de mauvais géniteurs. La jeune fille laissa couler ses propos. De toute façon, ce n’était que des piques de riches qui ne savaient blesser qu’avec les apparences, surtout vestimentaires. Mais qu’est-ce que les habits lorsqu’on passe ses nuits ainsi que la plupart de ses journées à être déshabillée ?

« Je te ferais remarquer que l’intelligence et l’apparence sont deux choses qui n’ont rien à voir. »

Avait-elle fait allusion à « l’intelligence » de la Starlette ? Surement. Toutes fois, rien ne le montrait vraiment ; ce ne pouvait être qu’un second sens qui n’apparaissait ici qu’en coïncidence. Toutes fois, comme dit, le doute n’était presque pas permis.

"D'un côté je ne peux pas être trop méchante sur la façon de t'habiller, c'est vrai, après tout je m'habiller exactement comme toi quand j'étais une vierge."

Elle la regarda s’adosser contre la chaise. Puis elle détailla, elle aussi, ses vêtements. Elle s’accouda à la table, s’approchant autant que celle-ci le lui permettait, un sourire en coin étirant ses lèvres. Elle prit le soin de séparer chaque mot pour accentuer sa phrase.

« Maintenant que tu sais ce que je suis, éclaires moi. Je n’arrive pas à me décider si tu es vraiment une prostituée au rabais vu la « classe » que tu dégages. »

C’était à son tour maintenant de s’adosser de tout son poids sur la chaise. Elle croisa les bras sur sa poitrine, attendant la prochaine attaque. Elle se distrayant, enfin ! Après toute une journée à se montrer plus ou moins « sage » envers les autres, elle se sentait enfin elle-même. Elle jeta un œil sur ce qu’il se passait alentour. La plupart s’étaient tus, écoutant la joute verbale entre la nouvelle et la Starlette du Campus.

Qu'elle emmerdeuse ! Avril ne pouvait jamais travailler sans qu'on la dérange, sois c'était ses fans sois c'était des gens qu'il fallait remettre à leur place. Enfin bon, c'était le prix à payer pour avoir une tel popularité. Avril regarda l'effrontée, elle avait l'air sûre d'elle et détendu ou bien n'étais ce qu'une façade? Peut importe, elle aurait de toute façon le dernier mot.

« Je te ferais remarquer que l’intelligence et l’apparence sont deux choses qui n’ont rien à voir. »

Avril émit un léger sourire, elle avait trouvée ça toute seule? Que c'était drôle, mais elle avait oubliée un détail c'est que certaines personnes pouvaient avoir les deux et Avril faisait partit de ces personnes qui avaient tout pour eux.

"Que c'est profond, il est vrai que ce sont deux choses différentes mais lorsque l'on possède les deux on ne s'en plaint pas"

La jeune femme replongea momentanément dans son livre, elle garda cependant une oreille distraite à la fille qui se trouvait en face d'elle, alala, les gens banales n'avaient vraiment rien d'autres à faire que d'embêter les autres.

« Maintenant que tu sais ce que je suis, éclaires moi. Je n’arrive pas à me décider si tu es vraiment une prostituée au rabais vu la « classe » que tu dégages. »

Cette fois ce fut carrément un fou rire qui la pris, elle resta évidement discrète pour éviter des remarques de la part de la documentaliste. Son rire finit par s'évanouir et elle reprit son expression habituelle, la jeune femme était déçue, elle n'avait rien trouvée d'autre? Sérieusement, sur ce point là elle n'avait certainement rien à se reprocher mais il était amusant de voir cette personne se débattre tant qu'elle pouvait pour conserver la face.

"Tu me déçois beaucoup, tu aurais pu trouver mieux j'en suis sûre. Les prostituées au rabais comme tu dis ne dégage certainement pas ma classe, elles ne connaissent pas les bonnes manières et ne s'habillent pas du tout comme moi. Non, puisque tu me vois comme une prostituée autant ce dire que j'en suis une de luxe."

Le portable d'Avril se mit à vibrer, la jeune femme regarda le nom qui s'affichait sur l'écran et se mit à ranger ses affaires et d'aller reposer tranquillement son livre à sa place.

"Le devoir m'appelle Ciao !" Dit elle d'une voix mielleuse avant de sortir.