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 Autour d'un café [libre]

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Victoria Gomez
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Victoria Gomez

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MessageSujet: Autour d'un café [libre]   Autour d'un café [libre] EmptyVen 22 Juin - 8:38

« ¡Mamá! Tu sors ? Achète des frites! »

« Mais j’en ai acheté hier … qu’est-ce que vous leur faites à ces pauvres petites, toi et ton frère ? Banda de hambre. »


Elle avait ses clés dans les mains, sa liste de courses dans la poche de sa blouse. Soupirant, elle l’en ressortit, prit un stylo sur le comptoir et y ajouta les frites. Elle n’avait pas prévu aller au supermarché. Ça ferait un détour. Et Délia qui passait son temps à se regarder dans le miroir en se disant qu’elle n’était pas aussi mince que sa mère … C’était à se demander si elle faisait même le lien entre tout ce qu’elle mangeait et sa difficulté à perdre du poids … Enfin. Elle remit la liste dans sa poche.

En fait, sa liste de course initiale était plutôt courte. Un café, pour acheter des grains frais. Le décorateur, pour choisir la couleur de son nouveau bureau et quelques accessoires de décoration. La poste, pour récupérer un colis et … non. La poste était fermée aujourd’hui. En entrant dans sa voiture, elle raya mentalement cet item de la liste. Et finalement retourner à l’épicerie pour les frites, afin de nourrir les goélands qui lui servaient d’enfants. Les rues étaient tranquilles, peu de voitures en vue, mais surtout des piétons, qui profitaient du beau temps. Elle stationna au commencement de la rue marchande, décida de marcher pour le reste du trajet. Elle commencerait par acheter le café, irait le porter à la voiture. Puis la décoratrice. Si elle achetait la peinture aujourd’hui, elle aurait besoin de sa voiture. Elle avisa un petit café italien, dont elle gardait un souvenir bien précis.

Victoria n’était venue dans ce café qu’une seule fois. C’était avec Frédéric, son mari. Ils venaient d’arriver ici et avaient pris sur eux d’apprivoiser la ville ensemble. Vain espoir de se raccommoder un peu dans un nouveau décor. Ça avait bien commencé. Puis Frédéric avait déclaré que le serveur flirtait avec Vicki, et ils étaient partis en se disputant à voix basse. Elle n’y avait pas remis les pieds depuis. Elle achetait son café dans une brûlerie et le buvait à la maison. Pourtant, en entrant, elle se rappela le charme de ce genre d’endroits, et résolut immédiatement de venir y prendre son café tous samedis et dimanches matins. Et pourquoi ne pas commencer maintenant ? Ses courses n’étaient pas urgentes, après tout. Elle commanda un expresso allongé et dit au serveur – pas le flirteur présumé – qu’elle allait se trouver une table sur la terrasse.

Amoureuse du soleil et de la chaleur, elle ne s’installa pas à l’ombre, comme les autres clients présents. Il était vrai que la journée était quelque peu étouffante. Mais ça lui rappelait un peu le climat de chez elle, en Espagne. En plus humide, évidemment, puisqu’il pleuvait presque toujours, ici. Le serveur vint lui porter sa tasse, elle le paya. Le regard fixé sur la rue, elle se dit que cet endroit serait plus gai que son bureau pour faire ses corrections. Elle écarta sa tasse de café sur sa gauche, et se pencha pour ouvrir son sac et voir si elle n’avait pas avec elle les essais de quelques étudiants. C’était bien le cas. Elle se redressa, une liasse de papiers dans une main, le crayon rouge dans l’autre, une mèche de ses longs cheveux lui barrant le visage.

Elle avait déjà passé quelques minutes sur sa correction, défiant le papier au crayon rouge et se défendant de l’exaspération à grandes gorgées de café. Elle détestait quand elle prenait une copie au hasard pour commencer et que celle-ci était aussi mauvaise. Ça lui donnait mal à la tête rien qu’à penser au reste de sa correction. Si elle pouvait rencontrer la Victoria du passé qui a décidé de venir enseigner … Elle lui dirait à quel point c’est une mauvaise idée. On passait beaucoup de temps à lire des livres sur un sujet qui nous passionnait, certes, et on avait l’occasion d’en parler avec des jeunes, de leur mettre des idées, des stratégies de réflexion dans la tête … mais c’était bref en comparaison du temps passé à corriger : c’était l’essentiel de son travail. Et elle détestait ça. Surtout cette année, alors qu’elle avait décidé de reprendre la charge de travail d’un ancien collègue. Cinq groupes plutôt que deux. Elle n’avait plus guère le temps de faire l’épicerie. Elle prit une autre gorgée de café. Le pire, c’était que dès qu’elle prenait une minute pour elle, elle se mettait à culpabiliser. Je devrais être en train de corriger. Je leur ai promis leurs notes pour vendredi. Elle avait essayé de trouver un moyen pour réduire ses besoins en sommeil, pouvoir passer de huit heures à trois. Elle s’était informée sur la méthode mais elle s’était vite aperçue qu’elle n’avait pas le temps de s’entraîner à contrôler les phases de son sommeil.

Elle posa son crayon un instant pour prendre sa tasse. Ce fut le moment que choisit une bourrasque de vent pour venir la déranger. Il n’y avait plus rien pour protéger les feuilles, et une bonne partie d’entre elles s’envola. Victoria posa violemment son café sur la table et éclaboussa un peu les copies qui restait. Des cheveux plein le visage cette fois, elle appuyait fermement ses bras sur les survivantes du désastre, le temps que le vent se calme.

« Va a cagar ! » cria-t-elle au vent, aux feuilles, et à tout ce qui pouvait se sentir concerné.

Finalement … la correction en plein air, ça pouvait ne pas être zen du tout. Elle prit une grande respiration, avisa la hauteur de la pile qui lui restait. Elle balaya rapidement la terrasse du regard et constata que quelques feuilles s’étaient faites la malle dans la rue. Tant pis. Ce soir elle enverrait une note à ses étudiants pour dire à ceux dont elle avait perdu la copie de lui en imprimer une autre. Ça ferait une excuse pour prendre un peu de retard dans la correction.
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