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 Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé

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Abriel B. Vaughan
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MessageSujet: Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé   Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé EmptyJeu 29 Mar - 22:46

Il neigeait. Juste assez pour dire que la majorité des gens préféraient rester chez eux. C’est sans doute ce qu’aurait fait Abriel si dès qu’il était rentré chez lui, sa mère ne lui avait pas demandé d’aller en ville pour régler un compte. À son arrivée, il avait trouvé la maison sens dessus dessous, et sa mère prostrée dans un coin, paniquée. Des hommes à qui elle devait beaucoup d’argent étaient venus dans la journée et l’avaient menacée.

Abriel n’Avait pas eu de mal à trouver le dealer habituel avec qui il faisait affaire pour sa mère. Ils se faisaient face dans une ruelle. Ce qui s’annonçait plus difficile, c’était le paiement. Sa mère devait plus de 1000 livres à ces types, mais Abriel n’avait que 200 livres sur lui. Il aurait eu l’argent. S’il avait su au début de la semaine, il aurait joué le petit jeu de Blackwood plutôt que de l’envoyer bouler plus loin.

« Je peux pas t’aider, Vaughan. »

Abriel arqua un sourcil. Il ne demandait l’aide de personne. Il demandait seulement qu’on se contente de ce qu’il pouvait donner et d’attendre : le reste viendrait plus tard. Mais Anton, le dealer, ne l’entendait pas ainsi.

« On avait un accord, » tonna la voix d’Abriel, plus forte et plus ferme qu’à l’habitude. « Quand vous avez un problème, vous le réglez avec moi, et vous restez loin de ma mère. »

Anton éclata d’un grand éclat de rire moqueur.

« Franchement, Vaughan, t’en as pas assez de devoir torcher sa merde et payer pour tout ce qu’elle fout en l’air ? Elle est folle, ta mère, et tu peux rien y faire. J’en veux pas de tes 200 livres : je veux mon putain de fric. »

Anton n’était pas seul. Il ne l’était jamais. Aux deux extrémités de la ruelle deux grands types montaient la garde. Mais cela n’empêcha pas Abriel de se jeter sur le dealer, le plaquant contre le mur en lui pressant la gorge à l’aide de son avant-bras.

« Tu sais parfaitement que j’ai rien à perdre. Tes conditions j’en ai rien à branler. Tu prends ce que je te donne maintenant, ou tu perds ton argent. »

Anton commençait à gargouiller en cherchant son air. Et à se débattre. Abriel aurait pu le faire perdre connaissance sans doute, si en se débattant, Anton n’avait pas heurté une poubelle et ameuté les deux chiens de garde. L’adolescent se sentir brusquement tiré en arrière et se reçut durement contre un conteneur à ordure. Il eut à peine le temps d’en prendre conscience qu’une main grosse comme sa tête le saisit au col de son manteau. Il réussit plus ou moins à éviter le poing qui visait à lui casser le nez, mais le coup, dévié, atteignit son oreille et le sonna sérieusement. Chancelant, il perdit son équilibre et un peu le contact avec la réalité. Cela ne dura que quelques secondes, l’atterrissage forcé sur un sac à ordures le ramena à la réalité. D’un geste vif, il attrapa le goulot d’une bouteille de vin et, se levant, il en assena un coup vigoureux sur la tête d’un des types qui venait sur lui. La bouteille résista à l’impact, et le colosse tituba. Voyant le second venir, Abriel brisa la bouteille sur le mur derrière lui. Avec le verre ébréché en main, prêt à frapper, il se sentait déjà un peu moins petit. Le colosse s’arrêta, hésita un moment, puis sortit un couteau de sa poche. Voilà. Abriel se retrouvait dans la même posture d’infériorité qu’au départ. Anton, lui, demeurait en retrait et observait la scène.

L’homme et l’adolescent se regardaient en chiens de faïence, à voir qui ferait le premier mouvement. Ce fut le colosse. Toute la masse de son corps fondit en avant et Abriel évita la lame qui visait son flanc. Lui, avec son arme improvisé, choisit de viser le visage de l’adversaire, qu’il entailla au-dessus des yeux pour l’aveugler. Il allait porter un second coup, mais le colosse qu’il avait assommé un peu plus tôt décida de revenir dans la bataille en empoignant les cheveux d’Abriel pour le mettre au sol. Il atterrit à quatre pattes et le reste de la bouteille lui explosa dans la main. Il se maintint un moment dans cette position et voulut se relever, mais un coups du plat de la semelle sur ses reins finit de l’étendre sur l’asphalte. Il sentit sa lèvre éclater lorsque son visage rencontra le sol.

Abriel savait très bien ce qui allait suivre. La pluie de coups qui s’abattrait sur lui le démolirait complètement. Les batailles de rue comme celles-ci lui donnaient rarement l’avantage, maigre comme il l’était. S’il arrivait facilement à prendre l’avantage dans des batailles « de cours de récré » c’était parce que les élèves des écoles se battaient de façon civilisée. Abriel les prenait de court avec des coups en traître, coups qui ne lui auraient pas servi à grand-chose dans le cas présent. Il serra les dents et attendit, le goût du sang dans la bouche.

N’avoir pas l’habitude de ce genre de choses, il aurait probablement perdu connaissance. Mais quand on le retourna pour le frapper au visage, il était encore assez conscient pour voir, alors qu’Anton se penchait sur lui après avoir ordonné l’arrêt à ses colosses, qu’il semblait préoccupé par quelque chose à l’autre bout de la ruelle. Mais Abriel avait à peine la force de tourner la tête pour essayer de voir de quoi il s’agissait.

« Je te donne jusqu’à mercredi pour me payer ce que ta mère me doit. Pas un sou de moins, et pas un jour de plus. »

Et les trois types prirent la clé des champs, laissant l’adolescent étendu sur le sol. Abriel resta un moment sans bouger, les yeux clos. Avant de bouger, il devait reprendre la conscience de son corps, passer chacun de ses membres au scanner pour savoir s’il pouvait se relever, et si oui, à quelle vitesse. À mesure qu’il s’inspectait mentalement, des gémissements s’échappaient de sa bouche, car la douleur en profitait pour faire surface, dissipant l’engourdissement qui s’était jusque là emparé de lui. Ses jambes n’avaient presque rien : seul le couteau avait effleuré une de ses cuisses. Son abdomen et son dos avaient pris le plus gros des coups. Sa lèvre était fendue, et sa main droite faisait peine à voir, pleine d’éclats de verre et couverte d’un sang foncé. Il ne pourrait pas s’en servir avant longtemps.

Un peu tremblant, il décida qu’il était mûr pour au moins tenter de se dresser sur son bras gauche. Ce faisant, son regard capta la présence au bout de la ruelle, présence qui, par le hasard de ses déambulations, lui avait sans doute sauvé la vie.
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MessageSujet: Re: Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé   Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé EmptyMer 18 Avr - 18:27

Délia s’attarda devant une boutique, enfonçant sa tête entre ses épaules, dissimulant son visage sous sa capuche avec l’espoir de se soustraire aux lourds flocons de neige. Les mannequins, dans la vitrine, arboraient des vêtements extravagants que seules les femmes élancées pouvaient porter. Affichant une moue renfrognée, la jeune fille se détourna et, resserrant ses nombreux sacs contre son opulente poitrine, se dirigea vers un petit restaurant où l’attendaient Sheree avec qui elle avait convenu de prendre le thé cet après-midi. Plus tôt dans la journée, elle était entrée dans sa boutique de vêtements préférée et en était ressortie avec quelques nouveaux pantalons, de superbes chemises, deux jolies robes qui valorisaient ses rondeurs féminines ainsi que deux soutient-gorges que sa mère aurait sans nul doute désapprouvés.

Délia haussa les épaules. Sa mère, absente pour la fin de semaine, lui avait donné un certain montant d’argent afin que sa fille puisse garnir davantage sa garde-robe. En fait, Délia, au lieu de grandir comme tous les adolescents de son âge, élargissait des hanches et des seins. Ceux-ci, déjà monstrueusement imposants, poursuivaient leur croissance alarmante.

Sheree discutait avec le serveur, un charmant blondinet au sourire agréable. Lorsqu’elle remarqua l’entrée de Délia, elle lui fit des signes enjoués et le garçon prit congé, sans oublier de jeter un regard envieux vers le décolleter de son interlocutrice. Délia se permit un petit sourire et, une fois assisse, elle consulta avidement le menu. Elle prendrait un thé et une pâtisserie. Mais laquelle?

-Je suis contente que tu sois venue, lui confia Sheree. Kathryn avait un dîner familial. Tu connais sa famille, protocole, étiquette, présence obligatoire à toutes les occasions ennuyantes.

-À voir comment tu draguais le serveur, ma compagnie est plutôt un obstacle à tes aventures.

Une chocolatine ou un beignet? Délia songeait aux calories contenues dans chacun des choix, et se rembrunit. Elle devait éviter le sucre. Ce que c’était chiant surveiller religieusement sa ligne, alors que ses rondeurs ne fondaient que rarement. Bon, bien sûr, elle était musclée, plutôt en santé, mais comme son principal défaut était la gourmandise… Délia ne pouvait espérer jouir un jour d’un corps aussi parfait que celui de Kathryn ou de Sheree.

-Ah, c’est vrai! J’ai un petit cadeau pour toi! Cache-les bien, je ne voudrais pas que ta mère te les confisque!

Curieuse, Délia détacha son regard affamé du menu et détailla le sac que Sheree venait de déposer sur la table, entre elles. La jeune fille fronça les sourcils, hésita, mais, intriguée, sa main se tendit d’elle-même. D’abord, une totale stupéfaction figea son visage puis, affolée, elle blêmit et rougit aussitôt et se pencha avec son amie qui, visiblement amusée, s’empêchait de peine et de misère d’éclater de rire.

-Mais tu… tu es folle de me donner ça! Ma mère va les sentir juste en entrant dans la maison.

-Tu exagères, se moqua Sheree. J’ai lu les trois premiers assez rapidement, si tu aimes ça, je te prêterais la suite.

Délia soupira, découragée. Elle était surprise que sa mène n’avait pas encore percé à jour le caractère perfide de Sheree, ni son obsession pour le sexe. Après tout, ce que sa cruelle génitrice ignorait ne pouvait faire de mal. Elle n’avait qu’à lire ces mangas yaoi durant la nuit.

Ce ne fut qu’une question de minutes avant que Sheree ne disparaisse quelque part avec le joli serveur. Délia, guère étonnée, termina son assiette et reprit le chemin pour retourner chez elle. La neige était lourde et collante, les rues étaient plutôt désertes. Tout était paisible, calme, silencieux. Puis, un bruit retentit, et plusieurs autres suivirent, ponctués par des exclamations étouffées. La jeune fille s’immobilisa et chercha à découvrir l’origine de ce vacarme. Une ruelle sur sa droite l’attira, qui débouchait sur un espace ouvert où s’activait trois individus, en plein lutte acharnée, alors qu’un quatrième demeurait légèrement en retraite, un sourire malsain ombrageait son visage sinistre et repoussant.

« J’devrais pas me retrouver ici, si l’un d’eux m’aperçoit, je suis dans la chiasse jusqu’au cou. »

Sur ce, la jeune fille recula lentement, le regard néanmoins rivé sur la bataille. L’un des deux molosses s’écarta de façon à présenter à Délia le visage familier de la victime. Soudain, ses pieds se pétrifièrent, ses yeux s’écarquillèrent d’effroi. L’adolescent fut rapidement plaqué au sol puis tabassé de belle manière.

« Qu’est-ce que je fais? »

L’option la plus raisonnable et sécuritaire serait de partir, ni vu ni connu, mais Délia Gomez, réceptacle à étourderie, à bêtise, à ennui, n’avait pas le cœur à s’enfuir. Certes, elle n’appréciait pas particulièrement le garçon. Il était laid, désagréable, hautain, baveux, insultant, taciturne, mais personne ne méritait un tel traitement. Elle ignorait ce qui alerta le type en retrait. Avait-elle hurlé? Peut-être qu’en trébuchant sous le malaise avait-elle heurté l’une des nombreuses poubelles qui longeaient la façade de briques. Toujours est-il que l’individu interrompit la bagarre, marmonna quelques mots à l’adresse d’Abriel puis se retira rapidement, accompagné de ses deux mastodontes au regard vitreux.

Abriel, sérieusement amoché, demeura immobile un long moment. Ses lèvres, alors qu’il remuait faiblement, laborieusement, laissaient échapper des plaintes sifflantes, douloureuses.

« J’devrais peut-être m’en aller. »

Plutôt que de respecter cette recommandation, la jeune fille s’élança vers Abriel qui, vainement, tentait de se redresser. Elle s’agenouilla près de lui, évalua les meurtrissures, grimaça, manqua de défaillir en voyant tout ce sang. Elle détestait le sang, la simple vue lui donnait le vertige et des nausées.

-Est-ce que ça va? Bien sûr que non, ça va pas. Es-tu capable de te lever? Bien sûr que non, t’es pas capable. T’es vraiment pas beau à voir. Il faut que tu vois un médecin, j’appelle une ambulance sur le champ.

Lorsqu’elle amorça un mouvement pour saisir son téléphone dans son sac à main, Abriel, avec une certaine vivacité, lui agrippa fermement le poignet et balbutia quelques paroles incompréhensibles que Délia sut cependant déchiffrées.

-Pas d’hôpital? T’es sûr? Tu saignes de partout. Je ne serais pas étonnée que tu aies quelques côtes fêlées. Je peux pas te laisser comme ça, dans cette ruelle, et si ces salauds revenaient? Tu serais dans de beaux draps. Je peux vraiment pas te laisser comme ça. Attends, j’ai une idée.


Rapidement, elle fourragea dans ses sacs, attrapant à contrecœur une camisole qu’elle venait d’acheter à rabais. Le blessé la dévisageait, un brin interloqué… si bien sûr une telle émotion pouvait ébranler ses traits lisses et quasiment imperturbables. Délia épongea son visage puis enveloppa la main ensanglantée du vêtement, d’une part pour absorber le liquidé écarlate et d’autre part pour lui enlevait la vue du sang. Ensuite, elle l’aida à se redresser, même s’il marmonnait qu’il allait bien et qu’il n’avait pas besoin de son assistance à elle.

-Je ne pense pas que tu sois en état de me revirer de bord.

Délia lui intima l’ordre de se taire, puis l’entraîna péniblement vers la rue principale où elle le fit embarquer dans un taxi.

-Si tu ne veux pas aller à l’hôpital, on va au moins aller te soigner chez moi.
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Abriel B. Vaughan
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MessageSujet: Re: Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé   Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé EmptyMar 8 Mai - 16:36

Pourquoi est-ce que ce devait absolument être quelqu’un qu’il connaissait ? Ça n’aurait pas pu être un illustre inconnu qui se trouvait là par hasard ? Non. Forcément. C’était quelqu’un qu’il reverrait à peu près tous les jours parce que cette fille était dans la même école que lui et partageait même un cours avec lui. Il ferma les yeux, réfléchit un instant. Le mieux serait de l’envoyer promener au plus vite pour qu’elle se vexe – les gens normaux le prennent souvent personnel lorsqu’on refuse leur aide – et le laisse crever là. Après, il pourrait prendre son temps pour se remettre debout, et surtout pour réfléchir à une solution pour rassembler un aussi gros paquet d’argent en quelques jours. Il pourrait voler une banque peut-être. Sauf qu’il se ferait prendre aussitôt et on l’empêcherait sûrement de sortir et de continuer à aider sa mère comme il pouvait.

« Est-ce que ça va? Bien sûr que non, ça va pas. Es-tu capable de te lever? Bien sûr que non, t’es pas capable. T’es vraiment pas beau à voir. Il faut que tu vois un médecin, j’appelle une ambulance sur le champ. »

Oh non, pensa-t-il. C’était absolument hors de question. Pas d’hôpital. Il n’y était pas allé depuis le jour de sa naissance. Y aller maintenant révélerait sans doute toutes ses anciennes blessures et causeraient encore plus de problème à sa mère, si on faisait le lien avec elle. Il ouvrit la bouche mais ne parvient pas à émettre un son bien convaincant. Il se contenta donc d’étirer légèrement le bras pour toucher celui de la fille, qui s’emparait d’un cellulaire, pour lui faire comprendre qu’il ne voulait pas que des médecins l’approchent. En espérant qu’elle comprenne ce genre de message. Parce que du peu qu’il avait constaté en discutant avec elle, c’était que les allusions, c’était pas son fort.

« Pas d’hôpital? T’es sûr? Tu saignes de partout. Je ne serais pas étonnée que tu aies quelques côtes fêlées. Je peux pas te laisser comme ça, dans cette ruelle, et si ces salauds revenaient? Tu serais dans de beaux draps. Je peux vraiment pas te laisser comme ça. Attends, j’ai une idée. »

Des salauds … elle y allait un peu fort à son goût. Ces gars-là ne font que gagner leur vie comme ils le peuvent, comme moi, pensait-il. Ils avaient moins à se dégrader et couraient évidemment moins de risques physiques que lui, mais c’était la même chose. Ces gars-là n’avaient pas la tête d’un emploi correct, et sûrement pas l’éducation qui va avec. Leurs chance de se tirer de cet univers et de ces agissements étaient probablement aussi nulles qu’Abriel. Et peut-être qu’ils étaient eux aussi passés par le même chemin que lui, espérant stupidement monter les échelons d’une organisation corrompue. Abriel aurait pu y aspirer, sans doute. Mais il aurait d’abord fallu qu’il croit en l’avenir, et que sa seule préoccupation ne soit pas la survie. Un hasard, peut-être, aurait pu le conduire ailleurs. Mais il ne se faisait pas d’illusions sur sa vie. Surtout maintenant que la seule chose qui l’attendait à la majorité, c’étaient des barreaux.

Il la regardait avec appréhension, d’entre ses paupières à demi fermées. Une idée ? Quel genre d’idée cette fille pouvait bien avoir pour lui ?

« Je ne pense pas que tu sois en état de me revirer de bord. »

En effet, pensa-t-il, sinon je l’aurais fait depuis longtemps déjà. Car oui, triste de l’admettre, il n’était pas même en état de repousser cette fille. Ce qu’il ferait si, comme elle disait, ces types revenaient ? Rien. Il se laisserait probablement crever. Ce qu’il avait très envie de faire déjà. Mais sa présence l’empêchait de procéder, au moins quelques minutes.

« Si tu ne veux pas aller à l’hôpital, on va au moins aller te soigner chez moi. »

L’adolescent grommela, mais ne protesta pas particulièrement vivement. Il ne chercha pas non plus à se faire plus lourd qu’il ne l’était quand elle entreprit de le remettre sur ses pieds. Lourd, il ne l’était pas, tout simplement. Et puis ça valait mieux que l’hôpital. Et ça valait mieux aussi que de rester couché ici dans un froid dérangeant, avec le bruit des voitures quelques rues plus loin. Il allait la suivre. Pas pour lui faire plaisir. Juste parce que toutes les autres options étaient encore pire que celle-là.

Alors que l’adolescente le faisait monter dans le taxi qu’elle avait appelé, Abriel se sentit soudainement sale, comme s’il prenait tout à coup conscience de ce qu’il était. Il sentait son sang tacher les vêtements de Délia, son odeur lui faisait réaliser que lui-même sentait mauvais, terne, comme s’il était terreux. Il reçut de plein fouet le regard dégoûté du chauffeur de taxi et détourna les yeux quand, après l’avoir assis, Délia donna un supplément au chauffeur pour qu’il accepte de prendre cet « animal blessé » sur sa banquette arrière. Il poissait cette banquette, et bientôt il poisserait la maison de Délia Gomez. Il souillerait la maison de l’impeccable miss Gomez. Il plissa le nez, dégoûté de lui-même, agacé aussi d’avoir ce genre de pensées. Depuis quand se souciait-il de déranger les « braves gens » ? On l’amenait quelque part, on le soignerait, il serait confortable … au diable tout le reste, non ? Les yeux rivés sur la vile qui défilait derrière la vitre, il garda le silence durant tout le trajet. À son grand étonnement, l’adolescente ne dit rien non plus. Et le chauffeur de taxi, ça ne vaut même pas la peine d’en parler. Abriel pouvait le deviner qui jetait quelques coups d’œil dans le rétro pour juger l’étendue des dégâts. Au diable sa banquette, pensa le jeune homme.

« Tu crois que maman Gomez va être contente de trouver un rat crevé chez elle ? »

Le taxi s’était arrêté devant une immense maison, le genre de lieu où Abriel n’aurait jamais pensé mettre les pieds de toute sa vie. Délia l’aidait à sortir et ne répondit pas à sa remarque, tentative de moquerie, dérision ou il ne savait trop quoi. Elle se contenta de l’aider à monter les marches du perron, fourragea dans son sac pour trouver une clé, et ouvrit la porte. Elle fit faire quelques pas à Abriel, qui resta un moment muet, occupé à promener son regard sur les murs, les tapis, la multitude d’accessoires décoratifs, sur les couleurs savamment réparties. Il pouvait deviner l’action de la main experte de miss Gomez, cette femme qui ne laissait rien au hasard, ni dans sa tenue, ni dans sa voix, ni même apparemment dans sa maison. Qu’est-ce que je fais ici ? pensa-t-il.

« C’est grotesque … »
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MessageSujet: Re: Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé   Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé EmptyLun 4 Juin - 21:46

Délia inspecta rapidement la demeure familiale et, s’assurant que ni son idiot de père, ni son horrible frère et ni sa folle de mère n’étaient présents, elle enleva prestement son manteau et ses bottes enneigées et crottées, rejeta négligemment son sac à main et ses nombreux achats dans le couloir et gratifia son pitoyable invité d’un long regard incertain. On aurait dit qu’elle avait ramené clandestinement une petite bête malade et souffrante, bornée et agacée, peu affectée par la gentillesse dont déployait la jeune fille face à son malheur et fort excédé de la tournure des évènements.

« Faut dire aussi que je n’aimerais que ce gars-là me tombe dessus quand je me fais tabasser… Surtout pas lui. J’aurais plus mal à l’orgueil qu’à mes blessures. »

Pourtant, elle lui serait reconnaissante s’il l’aidait. Elle en était certaine. C’est pourquoi le regard amer et revêche dont revêtaient les traits d’Abriel, comme les gestes contraints qu’il exécutait, l’irritèrent un peu. Elle balayait ses pensées d’un mouvement de tête et entreprit, en glissant un bras autour de la taille fine et maigre de son patient, de le conduire lentement jusqu’à sa chambre. Pour ce faire, ils durent gravier les escaliers. Abriel, ne pipant mot mais sifflant sous l’effort et la douleur sans doute, s’appuyait d’une main sale sur le mur, semblant chercher à économiser les forces de Délia, mais celle-ci vit dans cette tentative un moyen de limiter les contacts. Comprimant ses lèvres, elle s’abstient d’un commentaire particulièrement sanglant.

Dans sa chambre, elle l’encourageant, plutôt l’obligea doucement mais fermement, à s’étendre sur le lit, disposant les oreillers de façon à ce qu’Abriel soit le plus confortable possible, tirant les couvertures pour éviter qu’elles ne se salissent.

-Bouge pas, je reviens.

Délia Gomez, en bonne infirmière, courut chercher de l’eau et du désinfectant, des médicaments contre la douleur et des pansements, ainsi que la trousse de premiers soins. En revenant dans sa chambre, son regard s’immobilisa sur des sous-vêtements qui s’épanouissaient sur le sol. Embarrassée, les joues cramoisies, elle les dissimula d’un coup de pied vif et nullement discret. Elle préparer sur la table de chevet les instruments nécessaires et les produits qui lui seront utiles, ressentant sur sa peau l’insistance des prunelles froides et méfiantes du jeune homme dont les lèvres demeuraient obstinément immobiles. Délia, embêtée, ne sachant pas tellement par où commencer tant la tâche qu’elle s’imposait était considérable, décida qu’elle devrait jeter un coup d’œil sur le chandail d’Abriel, afin de s’assurer qu’il n’y avait là aucune blessure sérieuse.

« Seigneur… le premier torse d’homme que je vais voir d’aussi proche est celui de ce personnage grossier et efflanqué. »

-Désolée de t’avoir amené ici, murmura-t-elle à brûle-pourpoint pendant qu’elle effectuait un examen minutieux de la carcasse vestimentaire qui lui servait de chandail. Je sais que c’est pas super pour toi, mais j’étais quand même pas pour te laisser pourrir là-bas même si c’est ce que tu aurais espéré. Je ne suis juste pas comme ça. Arf… je pense que je vais devoir déchirer ta chemise, tu seras probablement pas capable de te redresser pour l’enlever, et elle est finie de toute façon. Je t’en donnerai une de mon père ou de mon frère.

Elle réprima de peine et de misère un hoquet horrifié devant le spectacle hideux qu’offrait la vue de ce torse osseux, orné de cicatrices longues et inquiétantes, et d’ecchymoses énormes et multicolores. Visiblement honteux, Abriel détourna pudiquement le regard, observant les affiches masquant la couleur des murs.

-Bonté divine, mais c’est quoi ça? Tu te fais battre à tous les jours? Et ces cicatrices ? Tu les as eues comment?

Comme ses questions butaient le silence tenace du blessé, Délia se résolut difficilement à se taire, bougonnant un peu quand même, fidèle à elle-même. D’une main tremblante et froide, elle s’appliqua à nettoyer cette chair meurtrie, maculée de sang. Elle désinfecta également avec délicatesse et précaution les entailles sur les côtes et le ventre. Puis, cette opération terminée, elle s’assit prudemment sur le lit, à côté d’Abriel, étala sur ses genoux une serviette épaisse et y déposa lentement la main du jeune homme, celle qui était prisonnière d’une étoffe ensanglantée.

Elle découvrit une longue main, dont les doigts crochus étaient fins et pourtant robustes, où la paume était cruellement écorchée. Délia attrapa une pince à épiler et une loupe, s’évertuant à retirer doucement tous les fragments de vitre qui se trouvaient fichés dans la peau.

-J’espère que ça valait le coup, la bagarre, parce que t’es vraiment amoché.
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Abriel B. Vaughan
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MessageSujet: Re: Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé   Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé EmptyLun 11 Juin - 8:42

Se trouver là était ridicule. Dans cet escalier, soufflant pour ne pas gémir de douleur, cherchant à ne pas trop s’appuyer sur Délia et cherchant aussi à limiter le contact de sa main avec le mur, un mur d’une propreté qui faisait presque mal aux yeux. S’il y avait pu tenir en équilibre, seul, entre le mur et Délia, il l’aurait fait. Mais il n’en était pas capable, et se sentait d’autant plus ridicule. Il était persuadé que c’était ce surplus de délicatesse de Délia qui l’avait perdu, comme si en lui donnant un peu de confort, elle l’avait empêcher de prendre sur lui, de se relever tout seul et de rentrer chez lui en tentant d’ignorer la douleur. Il l’aurait fait. Il en était sûr. Ça aurait pris plus de temps, c’est sûr, mais il l’aurait fait. Mais entre la perspective d’un endroit confortable où s’étendre et celui d’une errance dans la ville jusqu’au trou du cul-de-sac de la ville où se trouvait la maison de sa mère, il choisissait volontiers la surface confortable. Sa mère, pensa-t-il en grimaçant. Elle l’attendrait, si ce n’était pas déjà le cas. Quelle heure pouvait-il être ? Combien de temps cette scène absurde avec duré dans la ruelle ? Et le trajet de la ruelle à la maison, du rez-de-chaussée à la chambre où Délia venait de l’installer ? Combien de temps s’était écoulé depuis qu’il était sorti de chez lui ? Pas la moindre idée. Oui, sa mère l’Attendrait. Et quand elle le reverrait, elle serait furieuse. Elle aurait déjà oublié qu’il était sorti pour elle, pour régler ses problèmes. Elle avait probablement réglé un ou deux clients pour lui.

Délia revint dans la chambre, armée de plein de flacons et de pansements. Abriel cligna des paupières et pinça les lèvres quand elle parla de déchirer sa chemise. Pas par gêne, il s’en fichait bien, mais plutôt pour ravaler un commentaire grossier. Mieux valait pas la choquer quand elle avait à portée de la main des ciseaux. Il ne releva pas les commentaires qu’elle fit sur son allure physique. Il regardait obstinément le mur. Sa position ne le gênait pas, pas plus que son corps qu’il savait laid et repoussant. Et si Délia utilisait le terme « amoché » pour le décrire, c’était par respect pur et simple. Sa mère avait du l’éduquer avec la cravache à la main pour lui inculquer de bonnes valeurs. Et apparemment elle avait réussi : tout le monde ne vole pas au secours d’une masse sanglante dans une ruelle louche comme Délia l’avait fait. Elle devait garder pour elle ce qu’elle pensait réellement, et Abriel lui en sut gré. Non que cela l’affecte. Une seule personne lui avait dit un jour qu’il était beau : tous les autres lui rabâchaient sa laideur. Même s’il s’en fichait, il fut content quand elle s’écarta et projeta son attention sur sa main même si, en voyant la pince, il savait que ça n’aurait rien d’agréable. Depuis tout à l’heure il gardait sa main pliée et immobile, avec application, pour éviter de déranger les morceaux de verre. Quand l’adolescente déplia ses doigts, il poussa un juron. Du coin de l’œil, il la vit sourire. Elle devait être contente de lui avoir arraché enfin un mot.

« Je sais pas, si ça en a valu le coup. »

Une fois lancé, autant continué. Elle essayait de le faire parler depuis tout à l’heure. Abriel ne sachant pas comment dire merci, il décida que ses paroles durement arrachées seraient un remerciement convenable. C’était déjà beaucoup. Il espérait qu’elle n’en demande pas plus.

« Je crois que je les ai mis en colère plus qu’autre chose. »

Tout ce qu’il voulait, à la base, c’était gagner du temps, pour protéger sa mère. Mais ils n’avaient pas voulu le lui accorder, ces salauds. C’était par colère qu’il s’était jeté sur Anton. Il aurait pu l’amocher vachement s’ils avaient été seuls. C’étaient ces deux gorilles qui avaient tout gâchés : s’ils n’avaient pas été là, Abriel aurait pu faire suffisamment peur au dealer pour l’éloigner de sa mère. Mais maintenant, l’épée de Damoclès qui pendait au-dessus de sa tête et celle de sa mère semblait plus près de tomber. Il jeta un coup d’œil à sa main. Celles de Délia étaient hésitantes.

« Tu fais ça mal. En les enlevant comme ça tu joues dans la plaie. Faut que tu tires chaque morceau dans l’angle exact dans lequel il est positionné. »

Il y eut un moment de silence. Il expliqua, comme si c’était la chose naturelle du monde.

« En le faisant bien, ça évite de couper plus les bords de la plaie. »
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MessageSujet: Re: Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé   Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé EmptyDim 1 Juil - 16:21

- Tu fais ça mal. En les enlevant comme ça tu joues dans la plaie. Faut que tu tires chaque morceau dans l’angle exact dans lequel il est positionné. En le faisant bien, ça évite de couper plus les bords de la plaie.

Mal à l’aise, Délia fit tourner la pince argentée entre ses doigts tremblants, tout en se mordillant nerveusement les lèvres. Elle n’avait jamais fait ça, auparavant. Si un éclat de bois pénétrait sa chair, sa mère l’avait toujours retiré avec dextérité. Tout ce qui s’approchait de près ou de loin à la chair, aux blessures, au sang, cela dégoûtait Délia et la rendait nauséeuse. Justement, depuis le début de l’opération, un léger haut-le-cœur tenace menaçait d’éclabousser le sol.

Les conseils d’Abriel produisirent en elle un certain impact. Surprise, les grands yeux noirs de Délia s’écarquillèrent et son corps, maintenu sous la pression depuis l’épisode de la ruelle, se tourna vivement en direction du jeune homme, dont le regard attentif était porté sur sa main meurtrie. L’adolescente s’humecta les lèvres, de plus en plus embarrassée.

« Je n’apprécie pas tellement sa façon de parler. Aussi doucement. On dirait que ça lui arrive régulièrement, qu’il y est habitué. Qu’est-ce que j’ai ramené chez moi ? Quel genre de vie mène-t-il ? »

Confuse, Délia se concentra de nouveau sur la main, ravalant des nausées provoquées par la couleur écarlate du sang et le spectacle des petites plaies suintantes. Suivant les directives du blessé, elle parvint non sans difficulté à retirer tous les fragments de verre qu’elle déposait dans un petit bocal à ses côtés. Abriel ne se plaignait pas, seul son souffle laborieux indiquait une quelconque douleur à l’abdomen.

- Tu sembles t’y connaître drôlement, ne put s’empêcher de relever Délia.

La tâche s’avérait longue et pénible, certains éclats étaient visibles d’autres beaucoup moins. En outre, sa main moite manquait de fermeté et de précision. C’était dommage que sa mère n’était pas là, elle aurait su quoi faire, comme le faire, qui appeler, dire les bons mots pour apaiser ou soutirer des informations pertinentes. Dommage, vraiment. Une fois que le dernier fragment fut sorti, Délia s’appliqua à nettoyer délicatement la main qu’elle enroula d’un pansement. Abriel grogna faiblement durant la manœuvre et la jeune fille se confondit en excuse timide. Puis, son attention fut attirée par les doigts longs et fins de son patient. Longs et fins, mais croches. Comme s’ils avaient été cassés sans obtenir l’aide médicale nécessaire pour les replacer correctement. Délia les enveloppa des siens, les effleurant et suivit le tracé inhabituel qu’ils empruntaient.

- Pourquoi ta main est comme ça ?

Elle m’obtiendrait probablement aucune réponse, mais elle osait tout de même. Ses yeux cherchèrent ceux d’Abriel. Ils étaient calmes, impénétrables, voire froids et distants. Comme sa personne. Ses lèvres remuèrent à peine, se pincèrent un peu, alors que ses sourcils eurent un bref sursaut de vie. Sa main blessée se contracta, puis redevint molle. Comment avait-il eu toutes ces blessures et balafres ? Seuls son torse et ses bras maigrelets étaient alors exposés, et elle se doutait fortement que le bassin et les jambes avaient subi un traitement similaire. C’était horrible.

Délia déposa la main sur le lit, s’étira pour se laver les mains une nouvelle fois et humidifia un linge avec de l’eau. Se penchant vers Abriel, elle entreprit de lui faire une petite toilette faciale afin de mieux considérer l’étendue des dégâts. Leur visage était proche, elle ne le remarqua pas, perdue comme elle l’était dans ses pensées, et ne se rendit pas compte que sa présente posture découvrait coquettement sa magnifique gorge.

-Qu’est-ce que tu fais exactement ? Tu as eu tout ça en te battant avec des plus coriaces que toi ?

Pourtant, même si cette hypothèse pouvait expliquer certaines blessures, cela pouvait-il s’appliquer à toutes les marques que possédait ce misérable corps ? La mine de Délia s’assombrit. Elle ignorait le passé de cet homme, mais elle réalisa enfin qu’il avait sans doute été bien plus difficile et douloureux que le sien. Finalement, elle se félicita d’avoir comme mère Victoria Gomez.
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MessageSujet: Re: Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé   Beaucoup de bruit pour rien [pv délia] Terminé EmptyMer 4 Juil - 9:24

La jeune fille le regarda un moment, comme si elle était surprise qu’il ait parlé, et à la fois contrariée qu’il l’ait reprise sur sa façon de faire. Après tout, elle le soignait. Quel sujet avait-il de se plaindre ? Pour le coup, il se dit que la prochaine fois, il ferait tout aussi bien de fermer sa gueule. Après un court instant de ce silence, elle commença à émettre ses commentaires. Comme si ça avait quelque chose de surprenant, avec elle. Les idées, les questionnements, il fallait toujours qu’elle exprime tout cela à voix haute. C’était une besoin qu’Abriel n’éprouvait pour ainsi dire jamais. Si cela ne dépendait que de lui, il ne parlerait tout simplement jamais.

Il la laissa babiller à sa guise, ferma les yeux, sentant malgré tout le regard de l’adolescente se balader à la grandeur de son corps. Ce que ça pouvait être intéressant, déjà, pensa-t-il. Un tas d’os, tout blême. Il lui semblait qu’on en faisait vite le tour. Mais pas Délia. Délia ne faisait rien comme tout le monde. Elle volait au secours des gens, parlait quand on ne le lui demandait et se taisait quand on lui demandait. Il soupira, ouvrit les yeux et plongea le regard dans le sien, agacé par un silence qui durait, et qui le prenait malgré lui au dépourvu.

« Ouais, quand même. Un tiroir. Je fais de mon mieux et : non. »

Toutes les réponses à ses petites questions. Il ferma à nouveau les yeux. Il se demandait combien de temps il resterait ici, couché là, dans cette maison où il se sentait comme un stupide anachronisme. Délia ne le laisserait pas partir tant qu’il ne se serait pas laissé soigner. Il faisait ce qu’elle voulait depuis tout à l’heure, soit. Qu’est-ce qui lui ferait plaisir, à cette maudite bonne samaritaine ? Il réfléchit un instant.

« Si ça t’embête pas, je pense que je me reposerais un peu. »

Manière délicate de lui demander de le laisser seul afin qu’il puisse piquer un petit somme. Et après je prendrai une douche, des vêtements, et je partirai sans demander mon reste. Elle allait devoir se contenter de ce qu’il offrait. Il avait des choses à faire, des affaires à régler, de l’argent à trouver. Il avait peut-être une petite idée pour se faire. Mais il faudrait pour ça qu’il emprunte des vêtements non pas au frère de Délia, mais à son père, afin de se retrouver un petit moment seul dans sa chambre, avec ses effets personnels. La jeune fille se leva avec la précipitation qui était bien sienne, empressée, maladroite. Comme une enfant dont le parent est malade et qui, en essayant de faire le moins de bruit possible pour ne pas le déranger, s’empêtre dans tous les meubles et fait plus de bruit que possible. Malgré lui, Abriel sentit un sourire amusé s’étirer sur ses lèvres meurtries. Il grimaça. Toute expression faciale serait à proscrire pour les prochaines 24 heures. Au moins.

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